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Du soufre dans les bronches

Catania, Italy


Catane est notre étape suivante, la seconde plus grosse ville de Sicile avec 310 000 habitants, mais aussi la plus animée car très étudiante. Touristiquement parlant, Catane ne présente pas un intérêt majeur. Sa vieille ville baroque est bien moins charmante que Noto ou Syracuse. Construite en pierre noire, elle peut même avoir des airs un peu sinistres. La côte ionienne n’est certes pas loin, mais c’est Taormine (50km plus au nord) qui est la star en la matière.
Non, la principale caractéristique de Catane, c’est d’être construite à l’ombre de l’Etna, qui lui a valu deux destructions en trente ans et en fait, pour nous, un excellent camp de base pour se lancer à l’assaut du volcan.
On retiendra quand même son marché aux poissons quotidien, aussi impressionnant que malodorant. Les achalandeurs s’y déplacent en bottes et il n’y a bien que des touristes comme nous pour venir traîner leurs tongues dans le jus de poiscaille qui coule des étals et baigne les pavés de lave noire.
C’est aussi à Catane qu’on décide de changer de régime. Au diable les pastas et vive les pizzas ! Le « Via Coppola » est réputé pour ses pizzas biancas (comprenez « sans tomate »), et en particulier pour la pizza Crociferi (mousse de mascarpone à la pistache et prosciuto). Mis à part les moustiques, on a adoré manger des pizzas sous les marquises à la lueur des chandeliers…
Après moult hésitations, dans la jungle des tours operators qui sévissent sur le volcan le plus actif d’Italie, on décide de se fier au professionnalisme des guides alpins officiels. Qui accessoirement sont les seuls à emmener leurs groupes jusqu’aux cratères sommitaux. On a d’ailleurs de la chance parce qu’au moindre signe d’activité volcanique, toutes les excursions vers le sommet sont annulées. Mais la dernière éruption s’est terminée il y a tout juste quinze jours.
Lever aux aurores donc pour rejoindre, en voiture, le Refugio di Sapienza (1923m d’altitude) depuis le centre de Catane. Le bus met 45mn pour faire le parcours, mais compte tenu de la précision des panneaux indicateurs, on préfère prendre de la marge. Les guides nous ont demandé d’être à 9h00 pétantes là-haut, on part donc à 7h30. Et le temps de deux arrêts pour pourvoir à notre pique-nique, on arrive « on spot » à 8h45. Sauf que le départ se fera finalement à… 10h30. Parce qu’on attend un gros car d’allemands en sandales. Viva Italia et fuck les boches !
On nous fournit des chaussures de rando ET DES GRANDES CHAUSSETTES (à ce moment-là, on ne comprend pas encore vraiment pourquoi…)
La première heure est assez pénible. On fait la queue pour prendre un téléphérique qui nous emmène 400m plus haut. Puis on fait encore la queue pour s’entasser dans des 4x4 qui nous conduisent 500m plus haut. Et là, arrivés à Toro del Philosophe (nom du refuge de trois étages englouti sous la lave lors de l’éruption de 2006), on se sépare enfin en trois groupes (italo/franco/anglophone) pour se lancer à l’assaut des 400 derniers mètres de dénivelée.
Le paysage est lunaire. Etendues de sable noir à perte de vue, tout juste entrecoupées de quelques névés étincelants… On traverse des coulées de lave aux formes torturées. Le soleil cogne. On est à 3000m d’altitude. Et le vent porte des relents soufrés qui ne sont qu’un doux prémice de la suite, mais nous donnent déjà sévèrement mal au crane.
Ca grimpe, ça grimpe, ça grimpe. Les nuages ne sont pas des nuages, mais des nuées de soufre qui puent l’œuf pourri (le fameux H2S qui a grassement fait rire tous les taupins… Anne parlerait de « scientifiques binoclards qui ont fait math sup»). Ca brûle la gorge et ça pique les yeux, même avec des lunettes de soleil et un chèche improvisé en masque à gaz.
En attendant, quand le vent disperse les vapeurs de soufre, le paysage des cratères est hallucinant. Saturé de vert, de blanc et de jaunes. Aussi beau que toxique !

Giuseppe, notre guide vulcanologue, nous amène jusqu’au bord de la Bocca Nuova, un des quatre cratères sommitaux qui fait près de 60m de profondeur. Il est bouché par un bouchon de roche, assez dangereux parce que les gaz s’accumulent en dessous et que la pression est susceptible de le faire exploser sans prévenir.
Avec Giuseppe, qui parle un doux mélange de français, d’anglais et d’italien, on en apprend beaucoup sur les volcans. En vrac :
- Tous les cratères de l’Etna (plus de cinquante visibles) se situent sur trois fissures radiales qui courent depuis le sommet ;
- L’hiver, il peut y avoir jusqu’à 5 mètres de neige au sommet de l’Etna qui a compté jusqu’à trois stations de ski (fréquemment réduites en cendres). Et on distingue l’activité magmatique (éruption classique suite au frottement des plaques tectoniques) de l’activité phréatique (fonte de la neige qui s’infiltre dans les cheminées et crée des explosions de gaz par expansion de la vapeur d’eau) ;
- la roche volcanique est particulièrement isolante thermiquement. A tel point que les couches de neige recouvertes par les cendres d’une éruption peuvent tenir jusqu’à trois ans sur les flancs de l’Etna, pourtant assommés de chaleur en été (on a testé pour vous). Si bien que pendant toute l’antiquité, la glace de l’Etna voyageait jusqu'à Tripoli et que le plus vieux café de Paris (le Procope à Saint-Germain) l’utilisait encore, il y a plus de trois siècles, pour faire ses glaces…
Après une heure dans ce paysage d’enfer, alors que nos yeux pleurent et que nos bronches sont saturées de soufre, Giuseppe donne le signal de la descente. Pas de 4x4 ni de téléphérique, cette fois-ci, on fait les 1500 mètres de dénivelée à pieds. Comprenez : en courant dans une pente à 45° couverte de ce sable gris. On s’enfonce jusqu’à mi-mollet (d’où l’intérêt des GRANDES CHAUSSETTES).
On glisse plus qu’on dévale. Et on soulève des nuages de poussières dignes d’un troupeau de bisons. En arrivant en bas, on se découvrira noirs comme des charbonniers. Mais en attendant, on profite de paysages époustouflants. Au fur et à mesure de la descente, la végétation reprend ses droits et colonise les anciens cratères. Il faut environ huit ans pour que les premières plantes reprennent racines dans les coulées de lave.
Une fois en bas, nos regards de ramoneurs couverts de suie se croisent. Le départ était franchement chiant. On en a sué comme des damnés dans la montée. Au sommet, on a suffoqué comme des Koweitiens dans le désert irakien. La descente m’a flingué le genou, Anne y a perdu ma casquette (pour la troisième fois), et on a de la poussière jusqu’au fond des oreilles. Mais ça valait le coup. Le spectacle était aussi exceptionnel qu’inhospitalier !

Le menu du pique-nique (3€ par personne)
- pomodorino (tomates cerise)
- prosciuto (jambon italien)
- salami
- parmigiano (parmesan)
- Gresini (Gressins)
- Pesca (peches)

Photos de Catane : http://picasaweb.google.fr/microsam/Catane#
Photos de l'Etna : http://picasaweb.google.fr/microsam/Etna#

permalink written by  Anne & Sam on July 23, 2009 from Catania, Italy
from the travel blog: Sicilia, tre colore a la bocca
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